Le dragon : symbole universel d’énergie primordiale
Le dragon dans le chamanisme – voilà une image qui suscite autant la fascination que la méfiance. Certains y voient une bête fantastique venue de contes médiévaux, d’autres un guide puissant des mondes subtils. Mais dans les traditions spirituelles ancestrales, le dragon n’a rien d’un mythe folklorique : il est un archétype vivant, une force, un miroir de notre vitalité profonde. Et il ne demande qu’à être réveillé.
Lors de mes accompagnements, il m’arrive d’entendre « Je sens une énergie énorme en moi, comme un feu, mais je ne sais pas quoi en faire ». Très souvent, c’est le dragon qui toque à la porte. Alors non, il ne va pas surgir dans votre salon sous forme de reptile géant, mais il peut très clairement se manifester dans votre vie à travers des élans créateurs, des colères refoulées, un appel à la transformation ou même un besoin viscéral de sexualité plus alignée.
Dans les traditions, que représente le dragon ?
Contrairement à la vision occidentale qui associe souvent le dragon au chaos ou aux ténèbres à vaincre (merci les contes de chevaliers…), les traditions chamaniques – asiatiques, celtiques, amérindiennes – reconnaissent dans le dragon une énergie à la fois créatrice et destructrice. Elle est cyclique, indomptable, mais profondément intelligente.
Le dragon incarne :
- La puissance vitale brute (comparable au chi ou à la kundalini)
- La sagesse ancestrale et la mémoire de la Terre
- L’accès à des plans de conscience “autres”
- La capacité à transmuter – brûler l’ancien pour faire naître le nouveau
Il est gardien, initiateur, et parfois provocateur. Il nous pousse à voir en face nos zones d’ombre, nos contradictions internes, et il nous offre les ressources pour les traverser. Loin d’être un simple totem de force, c’est un être d’enseignement. Et dans bien des cultures, il est associé à une sexualité divine – pas dans le sens érotique grand public, mais comme une énergie de création sacrée.
Les apparitions du dragon dans les pratiques chamaniques
Que ce soit lors de rituels, de transes, de rêves ou de voyages chamaniques, les dragons apparaissent souvent comme des entités guides. Voici quelques formes concrètes que cela peut prendre :
- Un souffle chaud ou une sensation ondulante dans le bas-ventre ou la colonne vertébrale
- Un rêve récurrent où un dragon vous poursuit ou vous protège
- Une voix intérieure très ferme, voire rugissante, dans un moment de crise ou de choix majeur
- Un regain d’énergie brut, parfois déstabilisant, avec la sensation de “pouvoir soulever des montagnes”
Je me souviens d’Ève, une femme que j’accompagnais en séance de reconnexion sexuelle. Elle vivait une phase de burn-out émotionnel. Quand son énergie est revenue, c’était violent. Insomnies, pulsions créatrices incontrôlables, et un besoin de danser comme une possédée. Elle disait “j’ai un dragon dans le ventre, il veut tout cramer”. Ce qu’on a fait ? On l’a écouté. Guidé. Acheminé. Et aujourd’hui, ce “dragon” est devenu son principal allié créatif et intuitif.
Porte d’entrée vers une sexualité consciente
Le dragon, sur le plan énergétique, correspond à cette force vitale logée dans le bassin, enracinée dans le corps et en lien avec le feu créateur. En sexualité consciente, c’est tout sauf un fantasme exotique : c’est une réalité corporelle. Une activation puissante, qui fait circuler l’énergie en profondeur.
Lors de rituels tantriques ou de pratiques énergétiques (comme certaines méditations taoïstes), on travaille souvent à “réveiller le dragon” ou à “danser avec lui”. Cela peut se traduire par :
- Une sensation de feu sacré qui monte du périnée vers le cœur, puis la tête
- Un orgasme plus expansif, plus spirituel, moins centré sur la performance
- Un sentiment d’unité avec la nature, l’autre ou le cosmos
Mais attention, cette énergie n’est pas toujours “light”. Il est courant, en début de parcours, qu’elle fasse remonter des peurs, des traumas ou des résistances. Ce n’est pas un bug, c’est une étape. Le dragon n’est pas là pour caresser l’ego, mais pour activer notre nature authentique. L’énergie sexuelle consciente n’est pas linéaire : elle libère, chamboule, alchimise. Il faut donc l’aborder avec une posture d’humilité et d’écoute intérieure.
Et si je n’ai jamais “vu” de dragon ?
Pas besoin de vision spectaculaire pour connecter à l’énergie du dragon. Elle ne se manifeste pas toujours sous la forme d’un reptile ailé en technicolor. Parfois, elle est discrète, fluide, presque intime. Voici quelques signes que le dragon est peut-être déjà actif dans votre vie :
- Vous traversez une crise de transformation majeure (rupture, reconversion, éveil spirituel…)
- Vous sentez un besoin profond de vérité, d’ancrage et de puissance alignée
- Votre corps réclame plus d’authenticité dans vos relations, y compris sexuelles
- Vous avez le sentiment d’être “à l’étroit” dans une ancienne version de vous
Vous pouvez aussi inviter consciemment cette énergie. Comment ? Par des rituels simples : méditations guidées, tambour chamanique, danse intuitive, écriture automatique, connexion à la nature. Ce qui compte, ce n’est pas la forme, mais l’intention. Demandez à sentir votre “dragon intérieur”, et observez ce qui émerge… souvent, il vient quand on s’y attend le moins.
Le dragon et la guérison personnelle : ce qu’il vient déverrouiller
Dans les traditions chamaniques, le dragon est un maître de transmutation. Il vient montrer où ça coince – et ce qui a besoin de brûler. Il ne fait pas dans la demi-mesure, mais toujours avec justesse. Il est fréquemment associé au feu sacré de la guérison.
Dans mes accompagnements, j’observe que cette énergie active souvent :
- La réconciliation avec la colère refoulée – notamment chez les femmes qui ont appris à taire leur feu
- La reconquête du plaisir comme espace sacré, non soumis à la validation extérieure
- Le démantèlement de croyances limitantes sur le pouvoir, l’expression ou la sexualité
Guérir avec le dragon, c’est souvent accepter de traverser une “mort symbolique” : laisser une part de soi derrière soi. Une ancienne identité, une relation toxique, une façon figée de se voir. Ce n’est pas toujours confortable, mais c’est profondément libérateur.
Comment dialoguer avec l’énergie du dragon
On ne contrôle pas un dragon. On écoute, on danse, on honore. Voici quelques pratiques pour vous relier à cette énergie sans en faire un dogme ésotérique :
- Écoute corporelle : prenez un temps au réveil ou après une pratique (yoga, danse, respiration) pour sentir s’il y a une chaleur qui monte. Où est-elle ? Que vous dit-elle ?
- Journal de feu : écrivez vos pensées “incendiaires”, celles que vous censurez. Laissez le feu s’exprimer. Ensuite, relisez en demandant à cette énergie : “que cherches-tu à me montrer ?”
- Mouvement instinctif : mettez une musique tribale ou organique, fermez les yeux, et laissez votre corps “être dansé” par le feu. Sans chercher le beau. Sans forcer. Juste sentir.
Ce n’est pas une pratique à industrialiser, mais à personnaliser. Plus vous vous autorisez à ressentir sans jugement, plus cette énergie se rend disponible. Avec audace mais sans précipitation.
Une force pour aujourd’hui, pas pour “l’après”
Dans une société déconnectée du corps, l’énergie du dragon est un antidote puissant : elle détricote la brume mentale, réveille l’instinct, reconnecte à la terre… tout en propulsant vers une vision plus large de soi. Ce n’est donc pas un concept new-age, mais une énergie très concrète, physique, viscérale. Elle n’est pas réservée aux initiés : chacun peut y accéder, à son rythme.
Le dragon n’est pas là pour impressionner. Il est là pour rappeler cette vérité oubliée : notre puissance n’est pas un danger. Elle est notre essence. Elle ne demande pas de “bonnes intentions”, mais une présence lucide, une conscience active. Si on apprend à la canaliser, cette force peut nourrir nos relations, notre sexualité, notre art de vivre. C’est là que réside la vraie magie chamanique – ici, maintenant, dans nos corps, dans nos choix, dans notre humanité en éveil.
