Le mindset : un mot à la mode ou un véritable levier de transformation intérieure ?
On entend parler de mindset à toutes les sauces : mindset de croissance, mindset d’abondance, mindset de leader… Mais dans le quotidien concret – celui où on tente simplement de se lever le matin sans trainer des pieds ou de rester patient quand notre ado traverse sa phase rebelle – que recouvre vraiment ce terme ?
En tant que thérapeute en sexualité consciente et accompagnante en développement personnel, je croise tous les jours des personnes qui pensent « ne pas être faites pour… » : pas faites pour réussir, pas calibrées pour avoir une vie épanouie, pas « programmées » pour l’amour, la confiance ou la joie. Ce qu’elles ignorent souvent, c’est qu’elles agissent à partir d’une base invisible mais puissante : leur système de croyances. Autrement dit, leur mindset.
Mindset : définition pragmatique
Si on vulgarise clairement, le mindset, c’est notre manière de percevoir le monde, les autres et nous-mêmes. Ce sont nos croyances de base sur ce qui est possible ou non pour nous. Il conditionne nos décisions, nos actions – et surtout, les limitations que l’on accepte inconsciemment comme des vérités immuables.
Carol Dweck, chercheuse en psychologie à Stanford, distingue deux grands types de mindset :
- Le fixed mindset (état d’esprit fixe) : « Je suis comme je suis », « Je ne suis pas doué », « Je ne peux pas changer ».
- Le growth mindset (état d’esprit de croissance) : « Je ne sais pas encore », « Je peux apprendre », « Je peux évoluer même si c’est difficile ».
Bref, ton mindset, c’est ton logiciel intérieur. Tu peux le garder en version 1998, ou accepter les mises à jour régulières. Et comme tout logiciel, ça demande parfois de supprimer les vieux programmes limitants avant d’installer des fonctionnements plus adaptés.
Pourquoi travailler son mindset ?
Parce que ce que tu crois, tu le deviens. Point. Nos comportements les plus ancrés viennent rarement d’un manque de volonté, mais d’une croyance enracinée qui nous chuchote : « À quoi bon essayer ? Tu n’es pas à la hauteur. »
Changer de mindset, ce n’est pas se mentir ou se répéter des affirmations bullshit dans la glace (« Je suis un soleil de bonheur » quand t’as envie de balancer ton ordi par la fenêtre). Ça implique plutôt un réajustement honnête de ses filtres internes pour gagner en liberté intérieure.
Et dans le domaine de la sexualité consciente, ce travail de mindset est crucial. Combien de femmes, par exemple, pensent qu’elles ne « méritent pas » le plaisir, ou qu’elles sont trop « cassées » pour s’autoriser l’intimité ? Avant toute pratique corporelle, il faut déconstruire ces conditionnements. Rien ne change durablement à la surface tant que les fondations restent verrouillées.
Les signaux d’un mindset limitant
Tu veux savoir si ton mindset t’étouffe ou t’élève ? Voici quelques signaux typiques d’un état d’esprit qui te freine :
- Tu te compares sans arrêt aux autres, avec une impression d’être « moins que »
- Tu procrastines parce que tu crains l’échec (ou le succès, les deux sabotent autant)
- Tu t’auto-flagelles quand tu ne fais pas « assez bien »
- Tu dis souvent « oui mais » quand une opportunité se présente
- Tu recherches constamment la validation extérieure
Si tu t’es reconnue ne serait-ce qu’une fois dans cette liste, ce n’est pas une fatalité. Au contraire : reconnaître son mindset actuel, c’est déjà commencer à le transformer.
Développer un état d’esprit gagnant : ce que personne ne dit (mais qui fonctionne)
1. Choisis intentionnellement tes croyances
Tu n’es pas obligé.e de croire tout ce que tu penses. Oui, relis cette phrase. Une pensée n’est pas une vérité. Si tu crois que tu ne réussiras jamais dans ce projet qui te tient à cœur, arrête-toi quelques secondes et interroge-toi : Est-ce vrai ? Est-ce absolument vrai ? (petite dédicace à Byron Katie, en passant).
Remplace « je suis nulle pour prendre des décisions » par « j’apprends à faire confiance à mon intuition ». Choisis tes suggestions mentales comme tu choisirais les aliments que tu manges : avec conscience et discernement.
2. Redéfinis ta relation à l’échec
Tu échoueras. Souvent même. Et c’est tant mieux. L’échec est neutre, c’est ta lecture de ce qui se passe qui peut devenir toxique ou constructive. Plutôt que « je suis incapable », que dirais-tu de « j’ai découvert une façon de ne pas faire, je tente autrement » ?
Je me rappelle d’une cliente, Anne, qui voulait créer des cercles de femmes et n’osait pas se lancer de peur que « personne ne vienne ». On a travaillé sur cette peur du rejet et identifié qu’elle confondait l’intérêt du public avec sa valeur personnelle. Résultat ? Elle a osé organiser une première rencontre… à laquelle trois femmes ont participé. Elles ont adoré. Et maintenant, elle en vit.
3. Entoure-toi autrement
Ton environnement – humain, émotionnel et numérique – façonne ton mindset sans même que tu t’en rendes compte. Si tu passes ton temps autour de personnes qui râlent, critiquent et minimisent leurs ambitions… devine ce que ton cerveau enregistre ? Exact : « mieux vaut rester petit pour ne pas décevoir ».
Cherche des personnes qui incarnent déjà le mindset que tu veux installer. Pas celles qui font de grands discours, mais celles qui vivent ce qu’elles prêchent. Et attention : si ton entourage proche ne t’encourage pas, ce n’est pas forcément qu’il est malveillant. Souvent, c’est juste qu’il a peur que tu changes trop. À toi de rester fidèle à ta croissance.
4. Intègre la régularité : les 5 minutes qui changent tout
Travailler son mindset, ce n’est pas un sprint mais une discipline quotidienne. Et bonne nouvelle : tu n’as ni besoin d’un gourou, ni de mantra compliqué. 5 minutes le matin à noter trois choses que tu choisis de croire aujourd’hui suffisent pour conditionner ton attention.
Exemples de phrases nourrissantes :
- « Aujourd’hui, je choisis la confiance plutôt que la peur. »
- « Mon corps est un allié dans mon processus d’évolution. »
- « Je ne suis pas en retard dans ma vie – je suis en chemin. »
Ce qui compte, c’est la cohérence dans ton système nerveux. Quand tu répètes une phrase qui te redonne de la puissance, ton corps l’intègre comme une évidence émotionnelle. Peu à peu, ton logiciel se réécrit.
Mais attention : un bon mindset n’est pas un masque
Un piège assez insidieux, c’est le développement personnel qui devient un déni émotionnel. À vouloir absolument « penser positif », on finit par se couper de sa colère, de sa peine, de ses parts vulnérables. Or, un état d’esprit gagnant, ce n’est pas vouloir être heureux h24. C’est cultiver la capacité à ressentir, transformer et s’ajuster.
Un vrai mindset aligné, c’est celui qui peut dire : « Ce que je vis est inconfortable, mais je garde mon pouvoir d’agir », « Je me sens en doute en ce moment, mais ça ne définit pas qui je suis », ou encore « Je traverse une tempête, mais je ne perds pas mon cap ».
Et c’est là que l’éveil, l’ancrage spirituel et la conscience de soi deviennent tes meilleurs alliés.
Et si ton mindset devenait ton terrain de jeu intérieur ?
Transforme ton regard, et le monde se transforme avec. Pas parce que la réalité extérieure change immédiatement, mais parce que ton filtre n’est plus le même. Et quand tu t’autorises à croire qu’autre chose est possible, ta posture, ta voix, tes décisions se placent en cohérence… et tu ouvres de nouveaux chemins à explorer.
Ce n’est pas magique. Ce n’est pas une recette miracle. Mais c’est un processus radicalement puissant – parce qu’il met ta liberté en mouvement.
Alors, bon joueur.esse de ta propre vie : quel mindset choisis-tu d’incarner aujourd’hui ?
