Exercice pour identifier ses émotions et mieux comprendre son monde intérieur

Exercice pour identifier ses émotions et mieux comprendre son monde intérieur

Pourquoi identifier ses émotions change (vraiment) la donne

Dans mes accompagnements, il y a une phrase que je répète souvent : “On ne peut pas transformer ce qu’on ne reconnaît pas.” Et ça commence par là : savoir ce qu’on ressent.

Plus facile à dire qu’à faire ? Clairement. On vit dans une société qui valorise l’action et minimise le ressenti. Résultat : on est nombreux·ses à fonctionner en pilote automatique, à confondre stress et fatigue, colère et tristesse, excitation et angoisse sourde. Et à exploser (ou imploser) sans comprendre pourquoi.

Mais bonne nouvelle : on peut (ré)apprendre à identifier nos émotions. Comme un muscle, cette capacité se travaille. Et c’est une porte d’entrée puissante vers une sexualité plus consciente, des relations plus vraies, et une vitalité retrouvée. Je te propose ici un exercice simple et pragmatique, que je donne souvent en atelier ou en séance individuelle. Il peut littéralement transformer ta relation à toi-même, si tu t’y engages vraiment.

L’exercice du “scan émotionnel” : retour au corps, au présent et à la vérité

Ce que je t’invite à pratiquer, c’est un check-in émotionnel quotidien. En gros, prendre 5 à 10 minutes par jour pour te demander : “Qu’est-ce que je ressens vraiment là, maintenant ?”

Tu n’imagines pas à quel point cette question peut changer ton quotidien. Mais attention : il ne s’agit pas juste de penser à ce qu’on ressent. Il faut passer par le corps. Parce que le mental, lui, il raconte souvent n’importe quoi. Et il adore te distraire de ce qui est vraiment vivant à l’intérieur.

Étape 1 : Se poser

Choisis un moment de la journée où tu peux avoir un peu de calme : le matin au réveil, pendant la pause café, dans ta voiture avant de rentrer chez toi, ou le soir avant de te coucher.

Assieds-toi, les pieds au sol si possible, le dos droit mais détendu. Ferme les yeux. Respire profondément trois fois. Inspire par le nez, souffle par la bouche. C’est le signal pour ton système nerveux que “ça peut ralentir maintenant”.

Étape 2 : Scanner son corps

Prenons ensuite un temps pour “scanner” de la tête aux pieds, sans rien analyser, juste observer. Pose-toi ces questions simples :

  • Est-ce que j’ai des tensions ? Où ?
  • Est-ce que je ressens de la chaleur, du froid, des picotements, de l’agitation ?
  • Mon cœur bat-il vite ou lentement ?
  • Ma respiration est-elle libre ou oppressée ?

L’idée ici est de ressentir, pas d’interpréter. C’est ton corps qui a la vérité. Et souvent, il tente de te parler depuis longtemps, mais tu ne l’écoutes pas vraiment.

Étape 3 : Mettre des mots

À partir de ces ressentis physiques, essaie de poser un mot sur l’émotion présente. Tu peux t’aider de cette liste que j’utilise souvent avec mes clients :

  • Joie, fierté, excitation
  • Sérénité, paix, amour
  • Tristesse, nostalgie, mélancolie
  • Colère, agacement, frustration
  • Peur, appréhension, panique
  • Honte, gêne, culpabilité

Rappelle-toi que plus tu affines, plus tu contactes ta vérité. Ne te contente pas d’un “je vais bien” ou “je suis stressé·e”. Va voir ce qu’il y a dessous. Est-ce que ce stress, c’est en fait une peur de ne pas être à la hauteur ? Une colère rentrée contre une limite non respectée ? Une tristesse jamais exprimée ?

Étape 4 : Accueillir

Ne fais rien avec cette émotion. Pas tout de suite. Juste prends le temps de l’accueillir. Comme si tu la regardais droit dans les yeux, en lui disant : “Ok, je te vois maintenant.”

Ce n’est pas une étape gadget, c’est fondamental. Quand une émotion est reconnue, elle se régule naturellement. Si tu la nies ou que tu la refoules, elle se transforme en tension chronique, en fatigue, en comportement automatique (manger pour calmer, fuir dans le travail, procrastiner…).

Tu peux poser une main sur la partie de ton corps qui a réagi — le plexus, la gorge, le ventre — et simplement dire intérieurement : “Je t’écoute.”

Ce que cet exercice change concrètement

1. Tes relations deviennent plus authentiques
Quand tu sais dire “je ressens de la tristesse” au lieu de crier ou d’éviter un conflit, tu reconnectes avec ta vulnérabilité, donc avec les autres. Ce que beaucoup appellent “communication non violente” commence là : savoir ce qu’on vit vraiment à l’intérieur.

2. Tu reprends le pouvoir sur tes choix
Identifier ses émotions, c’est récupérer de la clarté. Combien de décisions sont prises sur des états émotionnels non reconnus ? Quitter un job par colère, se lancer dans une relation par peur du vide, dire oui alors qu’on est en train de s’oublier totalement…

3. Ta sexualité s’approfondit
La sexualité consciente, ce n’est pas que des respirations et des regards profonds. C’est surtout oser ressentir. Et pour ça, il faut être capable d’habiter son corps, d’accueillir le plaisir MAIS AUSSI l’inconfort, les blocages, les brouillards émotionnels. Le scan émotionnel est l’un des meilleurs préliminaires qui soient !

Cas pratique : “Je ne comprends pas pourquoi je fonds en larmes sans raison”

Sophie, 42 ans, est venue me consulter car elle pleurait régulièrement sans “savoir pourquoi”. Elle me disait : “J’ai une vie stable, je me sens aimée, je devrais être heureuse. Mais parfois je m’effondre pour une remarque banale.”

Avec le check-in émotionnel quotidien, elle a pris conscience qu’elle refoulait une colère sourde contre sa mère, héritée de l’enfance, mais jamais exprimée. Une fois reconnue, cette colère a trouvé un espace d’écoute et n’a plus eu besoin de surgir en larmes incontrôlables. Ses pleurs sont devenus plus clairs, plus justes, et elle a pu en parler avec son compagnon, ce qui a ouvert une toute nouvelle dimension dans leur lien.

Et si je ne sens rien ?

Pas de panique. Beaucoup de personnes que j’accompagne commencent là : “Je ressens rien”, “c’est flou”, “je ne sais pas.” C’est souvent lié à des années de coupure avec le ressenti pour survivre dans un monde qui valorise les apparences et la performance. Ne culpabilise pas.

Continue à pratiquer. Même cinq minutes par jour. Même si tu n’identifies qu’une tension à l’épaule ou une fatigue diffuse. Ton corps va se mettre à te parler plus fort, à condition que tu montres que tu es prêt·e à l’écouter.

Petit bonus : le carnet émotionnel

Si tu veux pousser l’exercice un cran plus loin, garde un petit carnet dans lequel tu notes chaque jour :

  • Le moment de ton check-in
  • Les sensations physiques présentes
  • Les émotions identifiées (même si floues)
  • Un mot ou une phrase qui exprime ton état intérieur

Au bout de quelques semaines, tu vas voir émerger des patterns, des récurrences. Ça te donnera de précieuses pistes sur ce qui te fait du bien, te stresse, t’alourdit. Et tu deviendras ton propre guide intérieur, sans dépendre d’injonctions extérieures ou de recettes miracles.

Derniers repères

On ne s’éveille pas spirituellement en fuyant nos émotions. On s’éveille en les confrontant avec courage, douceur, régularité. Ce genre d’exercice te ramène à l’essentiel : qui tu es profondément, au-delà des masques.

Et une vraie révolution consciente commence là : dans l’intimité de ton ressenti. Si tu ne l’as jamais fait, je t’invite à poser ton téléphone, à t’asseoir… et à te demander : “Qu’est-ce que je ressens là, maintenant ?”

Ce n’est pas de la magie. C’est de l’écoute. Et c’est ce qui manque cruellement à notre monde.