Pourquoi la conscience de soi est aujourd’hui un acte révolutionnaire
Si tu lis ces lignes, c’est sans doute que tu sens qu’il te manque quelque chose. Pas un objet, pas une personne, mais un lien. Le lien avec toi-même. Et tu n’es pas seul·e. Nous avons été éduqués à répondre aux attentes extérieures, à performer, à faire plaisir… Mais rarement à nous arrêter pour ressentir ce qui se passe vraiment à l’intérieur.
Dans un monde ultra-connecté, ultra-rapide, où notre attention est constamment fragmentée, éveiller son regard intérieur n’est plus une option. C’est une nécessité pour retrouver son axe, se recentrer, et vivre en cohérence avec son être profond. Oui, la conscience de soi est un muscle, et il est temps de le rééduquer.
La conscience de soi, c’est quoi exactement ?
Ce n’est pas juste “penser à soi” ou “se regarder le nombril”. La conscience de soi, c’est la capacité à observer ce qu’on ressent, ce qu’on pense, ce qu’on fait… sans se juger. C’est l’art de devenir un témoin lucide de son expérience intérieure.
En psychologie comme en énergétique, cette aptitude est considérée comme fondatrice. Sans conscience de soi, pas de vraie liberté de choix. Sans conscience de soi, on reste en pilote automatique, réactif·ve, sous l’emprise d’habitudes, de blessures, de conditionnements inconscients.
Concrètement, cela veut dire : s’arrêter, se poser, écouter ce qui se passe en soi AVANT de répondre, décider, juger ou agir. Là, tu touches quelque chose de précieux : la présence.
Un exemple en séance : Sandrine et l’émotion bloquée
Sandrine, 42 ans, arrive en séance avec “juste cette fatigue chronique, que ni le yoga ni les vacances ne règlent”. En grattant un peu, je lui demande : “Quand tu sens cette fatigue, tu sens quoi dans ton corps, là, tout de suite ?” Elle me regarde, surprise. Silence. Puis elle murmure : “Je crois… que j’ai envie de pleurer… mais je déteste pleurer.”
C’est là que tout commence : ce petit moment où elle ose observer ce qu’elle ressent, même si ça la dérange. Elle ne l’intellectualise pas, elle le ressent. Elle met de la conscience dans son expérience.
En quelques séances, Sandrine découvre que sa fatigue cache une sur-adaptation constante qui l’épuise. En posant un regard bienveillant sur ses automatismes, elle peut enfin commencer à en sortir. Ça ne s’est pas fait en deux jours, mais c’est ce premier pas — ressentir sans fuir — qui a tout déclenché.
Éveiller son regard intérieur : par où commencer ?
Tu n’as pas besoin de partir en retraite silencieuse au Népal pour t’observer. Voici 3 portes d’entrée concrètes, testées et validées en accompagnement :
- Le scan corporel : assis·e cinq minutes, yeux fermés, tu passes en revue ton corps. “Qu’est-ce que je sens dans mes pieds ? Mon ventre est-il tendu ? Est-ce que je retiens ma respiration ?” Tu ne changes rien, tu observes. Simplement.
- Le journal d’auto-observation : chaque soir, tu notes : “Qu’est-ce que j’ai ressenti aujourd’hui ? Qu’est-ce qui m’a perturbé·e ? Comment ai-je réagi ?” Tu écris sans filtre, sans chercher à donner une bonne version de toi-même.
- Le questionnement intérieur : une émotion forte surgit ? Prends une pause, respire et demande-toi : “Qu’est-ce que cette émotion essaye de me dire ? Est-ce une mémoire ? Une peur ? Un besoin non exprimé ?”
C’est presque simpliste… et pourtant, c’est là que tout change.
Mais pourquoi est-ce si compliqué de rester présent·e à soi ?
Parce que le mental déteste l’inconnu. Et s’arrêter pour regarder à l’intérieur, c’est comme ouvrir la porte d’une pièce qu’on a longtemps laissée fermée. On peut tomber sur des émotions refoulées, des sensations qu’on ne comprend pas tout de suite, ou un vide angoissant. Et ça fait peur.
En accompagnement, je le rappelle souvent : “Il n’y a pas d’émotion interdite. Il n’y a pas d’état ‘anormal’. Il y a juste des messages du corps et du cœur qu’on n’a jamais appris à décoder.”
Notre culture nous pousse à zapper, fuir, rationaliser. Tout plutôt que de rester pleinement dans l’instant vécu. Mais c’est précisément parce qu’on a perdu ce lien que notre vie nous échappe parfois.
Instant présent vs. hyper-contrôle : la bataille invisible
Prise de conscience fréquente chez mes client·es : “Je veux vivre l’instant présent… mais je passe mon temps à prévoir, anticiper, organiser, mentaliser.”
Ce que beaucoup ne voient pas, c’est que le contrôle est souvent un mécanisme de protection. Si je contrôle, je me rassure. Mais je perds du même coup mon accès à la spontanéité, à la créativité, à la vibration vivante de l’instant.
Regarde les enfants : ils sont dans l’instant. Un rire, une colère, une danse improvisée… Ils ne se demandent pas s’ils sont “productifs”. Ils SONT. La conscience de soi, c’est justement cette capacité d’être présent à ce qui est, sans vouloir à tout prix le diriger ou le modifier.
Et non, ça ne veut pas dire vivre en improvisation permanente. Mais revenir au point zéro de l’observation pour faire des choix plus libres.
Ralentir pour ressentir : l’intelligence du corps en action
Quand je travaille autour de la sexualité consciente, c’est souvent la même chose qui bloque : une déconnexion au corps. “Je ne ressens rien”, “Je ne sais pas ce que j’aime vraiment”, “Je fais mais je ne vis pas vraiment l’instant”.
Le corps est notre portail le plus direct vers l’instant présent. Mais il demande une chose essentielle : ralentir. Le mental, lui, accélère. Le corps, lui, chuchote (et parfois hurle quand on l’ignore trop longtemps).
Je propose souvent des pratiques somatiques simples pour réveiller cette conscience incarnée :
- Marcher pieds nus et ressentir les textures sous ses pieds
- Manger lentement en savourant chaque bouchée, sans écran
- Prendre une douche en restant connecté·e aux sensations de chaleur, de contact, de mousse
Ce sont des expériences apparemment anodines, mais elles recalibrent notre attention. Elles nous ramènent au “je suis ici — maintenant” qui est la base de toute transformation.
Et si l’instant présent était ton meilleur allié ?
Petit exercice pour toi : ferme les yeux, respire profondément, et pose-toi cette question : “Quelle est la qualité de ma présence, là maintenant ?” Est-ce flou, mentalisé, agité ? Ou calme, centré, ancré ? Pas besoin de chercher une “bonne” réponse. Juste ressentir.
Plus tu entraînes cette conscience, plus elle devient un réflexe. Et c’est là que l’alchimie opère. Moins de réactivité, plus de clarté. Moins de dispersion, plus de justesse.
Tout ne deviendra pas magique du jour au lendemain. Mais tu verras que chaque “micro-présence” au fil de ta journée t’offre une nouvelle clé. Un espace de choix. Un souffle de liberté.
Renouer avec toi-même, acte par acte
Développer la conscience de soi, ce n’est pas transformer ta vie en camp de méditation. C’est semer des graines, petit à petit :
- Dire “stop” quand ton corps te le demande
- Identifier quand tu fonctionnes en mode “survie” plutôt qu’en connexion
- Choisir ce qui te met en joie ou en expansion, et pas seulement ce qui est “attendu”
La révolution consciente commence là : à l’intérieur. Dans cet espace où tu peux te réapproprier ton ressenti, ta voix, ton rythme. Ce n’est pas toujours confortable, mais c’est profondément libérateur.
Et si tu crois que tu es trop “déconnecté·e” pour ça, rappelle-toi seulement ceci : ton corps n’a jamais cessé de te parler. Il attend juste que tu recommences à l’écouter.