Quand l’élan s’essouffle : ce que je vois chez mes client·es
« Je suis motivé·e pendant trois jours… puis plus rien. »
« J’ai mille projets en tête, mais je n’arrive pas à passer à l’action. »
« Je me sens démotivé·e sans raison apparente, comme vidé·e de l’intérieur. »
Ces phrases, je les entends toutes les semaines en séance. La majorité de mes client·es expriment à un moment ou un autre cette lutte intérieure avec la motivation. Pas uniquement pour « faire plus », mais pour faire ce qui a du sens… sans avoir l’impression d’y laisser leur énergie vitale.
Alors que se passe-t-il vraiment ? Et surtout : comment retrouver un élan profond, stable, aligné avec soi-même ? Dans cet article, je partage avec vous des clés issues de mon travail de terrain, mais aussi des apports des neurosciences et des pratiques corporelles. Tout ce qu’il faut pour arrêter de vous flageller… et recommencer à avancer avec conscience.
Motivation ou illusion sociale ? Faire le tri
Petit reality check : ce que vous appelez peut-être « manque de motivation » est parfois une alarme intérieure parfaitement saine. Sortons tout de suite des injonctions à la performance (« sois productif·ve », « lève-toi à 5 h du mat’ », « hustle hustle hustle »). La motivation ne devrait pas être une pression mentale continue, mais une impulsion naturelle issue du corps, du cœur ou de l’esprit.
La première question à vous poser est simple, mais radicale :
Est-ce que ce que vous essayez de faire est réellement en accord avec vous ?
Je me souviens d’Élise, venue me voir avec un projet entrepreneurial “super motivant”… mais qu’elle repoussait depuis des mois. Au fil de nos échanges, elle a réalisé qu’elle voulait en réalité une vie plus simple et communautaire, loin des injonctions du “personal branding”. Sa motivation ne manquait pas : elle était simplement mal orientée.
Comprendre les moteurs de l’élan intérieur
Les neurosciences nous le confirment : l’humain agit durablement seulement s’il trouve dans ce qu’il fait du sens, de la connexion émotionnelle et de la cohérence avec ses valeurs. Sinon ? Le circuit de la récompense tourne à vide, et la « volonté » finit en exaspération ou épuisement.
Voici les 3 moteurs principaux sur lesquels on peut s’appuyer :
- La clarté : le cerveau a horreur de l’ambiguïté. Plus un objectif est clair et concret, plus on enclenche facilement l’action. Ex : « méditer deux fois dix minutes par semaine » est plus mobilisant que « prendre plus soin de moi ».
- La connexion émotionnelle : vous devez ressentir une vraie vibration intérieure à l’idée d’atteindre cet objectif. Si ça ne vous touche pas, vous ne bougerez pas. Point.
- La sécurité interne : se lancer dans quelque chose de nouveau sans se sentir sécurisé·e active le cerveau reptilien, qui répond… par l’immobilisme. Sécuriser d’abord, changer ensuite.
Stop au brainstorming mental, place au corps
Un constat que je fais régulièrement : à trop réfléchir à comment retrouver la motivation, on en oublie d’habiter son corps. Or, l’élan de vie ne vient jamais uniquement de l’intellect. Il se ressent en dedans, dans les tripes, dans le cœur, dans le bassin même (oui oui).
Je propose souvent un exercice simple et puissant à mes client·es :
Fermez les yeux et visualisez une version de vous-même qui agit, rayonne, avance. Comment est sa posture ? Quelle énergie en dégage-t-elle ? Où le mouvement démarre-t-il en elle ? Observez, ressentez, puis laissez ce mouvement s’incarner en vous.
Ce genre de pratique énergétique (micro-mouvement, respiration, visualisation incarnée) permet de reconnecter avec l’élan profond qui précède l’action. Il s’agit de sortir du gel intérieur, pas de forcer un mouvement exténuant.
Ce qui sabote votre motivation sans que vous le sachiez
En séance, une fois l’objectif clarifié, la motivation revient souvent… puis retombe. Pourquoi ?
Parce que le saboteur ne s’appelle pas « paresse » ou « manque de volonté ». Le saboteur se cache souvent dans ces trois zones d’ombre :
- Des loyautés familiales inconscientes : par exemple, ne pas réussir ses projets pour « ne pas déranger » ou « ne pas faire mieux que ses parents ».
- Des peurs non verbalisées : peur de réussir, peur d’être visible, peur de perdre ses repères. Ces peurs agissent comme un frein à main neurologique invisible.
- Des croyances limitantes : du type « j’ai toujours été comme ça », « je ne vais jamais jusqu’au bout », « je suis bordélique donc foutue ». Ces phrases deviennent des prophéties auto-réalisatrices si on n’en prend pas conscience.
Une fois identifiés, ces freins peuvent se transformer en moteur… si on accepte de les regarder avec honnêteté mais sans jugement.
Les rituels qui (re)donnent l’élan de manière durable
Une motivation durable ne dépend pas d’un « déclic magique », mais d’une forme d’hygiène psychique et énergétique. Voici les pratiques concrètes que je recommande à mes client·es, testées et éprouvées sur le terrain :
- Rituel du matin d’alignement : se poser 5 min chaque matin pour écrire une intention en lien avec une valeur profonde. Ex : « Aujourd’hui, je choisis l’autonomie en appelant cette structure qui m’intéresse. » Rien qu’une action, mais avant tout, une direction.
- Reconnexion corporelle régulière : danser 3 minutes, respirer profondément dans le bassin, crier dans un coussin si besoin. Le corps désencombré crée de l’énergie pour agir.
- Hygiène mentale : repérer les discours internes saboteurs et leur répondre par des phrases de réancrage (« J’ai déjà traversé pire », « Je fais un pas après l’autre », etc.). C’est simple mais terriblement efficace.
Et si l’élan ne revient pas ?
Alors on arrête de se battre.
Je le dis souvent à mes client·es : parfois, ralentir est le premier pas vers la vraie action.
À force de courir derrière la motivation, on oublie que le corps a peut-être besoin de repos, de vide, de silence. C’est souvent quand on s’autorise l’absence d’élan qu’il revient… pour de bon.
Nicolas, en burnout larvé, était persuadé qu’il devait se “rebooster” pour sortir de sa torpeur. En réalité, son corps demandait une vraie pause. Après avoir accepté de “ne rien faire”, il a retrouvé une puissance d’agir plus juste. Vous voyez l’ironie ? C’est souvent lorsque l’on lâche le mental que la nouvelle dynamique émerge.
L’élan juste, pas l’élan parfait
Retrouver la motivation n’est pas « reprendre le contrôle de sa vie à 200 à l’heure ». C’est souvent :
- S’autoriser à écouter ce qui est vivant en soi, même s’il y a du flou ou des résistances.
- Ajuster son projet à ses besoins, plutôt que de s’adapter à une image figée du succès.
- Agir un petit peu chaque jour, avec simplicité et présence.
Et si on laissait tomber l’idée d’une motivation permanente et linéaire ? Si on accueillait au contraire l’intelligence de nos cycles internes, de nos élans fluctuants, de nos hésitations humaines ?
Vous n’avez pas « besoin d’être motivé·e » pour commencer…
Vous avez besoin d’ancrage, d’honnêteté, de bienveillance envers vous-même. Et d’un petit pas, là, maintenant.
Alors, quel serait votre prochain pas – même minuscule ?